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marine le pen - Page 3

  • Ce qui se cache derrière l’union prônée par les centristes?

    Pour l’un, François Bayrou, il s’agit d’union (ou d’une unité) nationale. Pour l’autre, Jean-Louis Borloo, il s’agit d’une union (ou d’une unité) qualifiée de «républicaine».

    Les deux leaders centristes veulent que les partis politiques s’unissent derrière un programme plus ou moins ambitieux.

    Derrière cela, il y a une vision centriste évidente mais aussi des ambitions personnelles et une nécessité d’occuper le terrain ainsi que de tenter de pallier à un manque criant de crédibilité vis-à-vis de l’électorat.

    - La vision centriste: le consensus et le compromis sont deux mots qui font partie de la vision politique centriste. De ce point de vue, la recherche du plus large consensus autour d’un compromis acceptable par l’ensemble de la population et/ou de ses représentants dans une démarche de juste équilibre est bien un processus centriste.

    Pour autant, le Centrisme n’est pas la pensée politique de l’union nationale ou de l’unanimisme, bien au contraire. Il se bat pour des valeurs et des principes qui se confrontent à ceux de la Gauche et de la Droite et, surtout, à une pratique idéologique et clientéliste de ces dernières. Vouloir faire du Centre le lieu d’une union, nationale ou républicaine, c’est l’affadir et l’affaiblir, le réduire in fine à un simple lien entre les idées de gauche et de droite, ce que prétendent depuis toujours ses adversaires.

    - Les ambitions personnelles: tous les deux le jurent, ils ne pensent pas à leur carrière, ni même à leur formation politique mais qu’au bien de la France. Ils ne demandent rien, sauf d’aider leur pays dans la crise.

    Belles envolées lyriques qu’évidemment personne ne croit tant les deux compères ont de l’ambition et des ambitions élyséennes.

    Ces deux propositions visent donc à tenter de leur donner cette fameuse «hauteur» soi-disant propre à ceux qui ont la capacité et l’aura de diriger le pays installés au sommet de l’Etat.

    Reste qu’en se présentant simplement que comme des facilitateurs pour ne pas apparaître comme uniquement mue par une ambition personnelle, ils rabaissent du même coup leur personne qu’ils souhaitaient élever…

    - L’occupation du terrain: elle est indispensable pour les deux hommes actuellement, soit pour l’un (Bayrou) de ne pas disparaître du paysage politique, soit pour l’autre (Borloo) de tenter de se faire une place au soleil.

    - La volonté de convaincre une majorité de l’électorat de l’alternance centriste: la crise économique actuelle et le scepticisme grandissant des Français vis-à-vis du gouvernement en place ne profite ni aux partis centristes, ni aux personnalités centristes.

    Le Front national et le Front de gauche ainsi que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen sont les grands gagnants dans les sondages mais aussi dans les médias.

    Dès lors, les centristes doivent démontrer qu’ils sont également des alternatives à la politique socialiste, mais une alternative sérieuse et responsable, c’est-à-dire crédible et non dans la gesticulation, face aux dangers que représentent les extrêmes.

    Le morcellement du Centre et les querelles picrocholines entre centristes ainsi que les récentes débâcles électorales sont ici un handicap lourd à porter.

    En tentant d’apparaître comme ceux qui peuvent réparer la machine et réunir les hommes, les centristes veulent inverser cette tendance.

    Une dernière précision: François Bayrou n’est plus pour l’union nationale mais pour une «unité nationale»! La différence? Selon lui, la première inclut le Front national et le Front de gauche tandis que la deuxième se passe entre réformistes républicains des deux rives»… Chacun appréciera cette différence sémantique. Pour autant, quand Bayrou parle des deux rives, il parle de la droite et de la gauche. Mais où est donc le Centre?!

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centre doit s’opposer à la désespérante obscurité des extrêmes

    Depuis longtemps j’affirme ici que l’humanisme porté par le Centre et le Centrisme est le rempart le plus solide face au danger que représente le Front national ainsi qu’à ses diatribes démagogiques et antidémocratiques qui surfent sur le mécontentement des Français.

    Mais les temps que nous traversons et qui ne seront peut-être et heureusement qu’une péripétie anodine de l’Histoire, impose si tel n’était pas le cas de le dire et le redire, la répétition n’étant pas inutile, loin de là.

    D’autant que la Gauche et la Droite engluées aujourd’hui dans des affaires multiples et surtout par leurs pratiques le plus souvent clientélistes, mortifères à terme pour la démocratie, ne sont pas capables de répondre efficacement à ce déferlement de populisme haineux et revanchard qui flatte le côté le moins respectable de nos comportements.

    Le Centrisme, oui.

    En ce premier mai, Marine Le Pen, lors de la manifestation traditionnelle du Front national, a estimé que la France était dans la nuit des affaires et de la corruption, ajoutant que la lumière et l’espoir étaient désormais représentés par le Front national.

    Quelle rhétorique à la fois mensongère et dangereuse dont le contenu rappelle de biens mauvais souvenirs au moment où certains comparent avec beaucoup trop d’emphase notre époque à celle des années 1930...

    Les centristes doivent être, néanmoins, des vigies intransigeantes et attentives de la défense de la démocratie républicaine en refusant la banalisation de tous les extrêmes et de leurs discours, notamment celle, en cours, du Front national, non seulement, dans la population mais également dans les médias et les leaders d’opinion.

    Et oui, il doit dire, haut et fort, que le vote pour le Front national est un acte irresponsable, que chaque bulletin déposé en sa faveur dans l’urne fera perdre la France, tout comme tout bulletin en faveur du Front de gauche ou des formations d’extrême-gauche, car ils vont vers les tenants de politiques qui plongeraient la France dans une crise d’une ampleur dévastatrice.

    Demain, si nous voulons être encore des gagnants, c’est parce que nous aurons dit non aux archaïsmes destructeurs de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche, ces deux conservatismes réactionnaires au sens littéral de ces deux mots.

    Conservatisme des droits acquis ou nationaliste au mépris de la réalité d’un monde ouvert et mondialisé. Réaction à la modernité démocratique et à l’édification inévitable d’un nouvel ordre mondial où l’Union européenne doit prendre toute sa place, c’est-à-dire une des toutes premières.

    Le peuple français s’est battu pendant des décennies pour bâtir un pays qui est aujourd’hui dans les premières puissances mondiales. Ce combat des générations précédentes n’a pas été de tout repos et rien n’a jamais été acquis comme on le constate actuellement où nous devons conduire une mutation douloureuse mais nécessaire qui seule nous permettra de repartir de l’avant et construire une France européenne du XXI° siècle, dynamique et prospère pour tous dans le juste équilibre et avec les valeurs de liberté, de solidarité, de tolérance et de respect.

    Notre communauté nationale a connu, tout au long de son histoire, des hauts et des bas. Ces derniers devraient nous rappeler constamment de ne pas tenter certaines aventures qui finissent toujours mal.

    De même, la démocratie républicaine est un bien inestimable mais fragile parce qu’elle repose, in fine, sur l’humanisme et le sens des responsabilités de chacun. Il nous faut donc la défendre comme toutes les attaques dont elle est constamment l’objet alors que nous agissons comme si elle était un roc indestructible qui résistera à tous les coups de forces.

    Si, demain, une obscurité désespérante et oppressive s’abat sur la France, c’est que nous aurons été les complices de ceux qui veulent la propager pour s’accaparer le pouvoir au nom d’idéologie totalitaire et non le rendre au peuple.

    Mais nous avons le pouvoir d’écrire une autre histoire à condition de ne pas baisser les bras.

    C’est au courage que l’on reconnaît les grands peuples qui écrivent leur Histoire avec un grand H.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centre italien balayé par les populismes

    Avec 10% des voix, le Centre est le grand perdant des élections italiennes alors que le «Mouvement 5 étoiles» du comique populiste Beppe Grillo en est le grand vainqueur, sans oublier… le populiste en chef, Silvio Berlusconi, auteur d’un retour improbable avec des promesses intenables.

     

    Bien sûr, c’est le Parti démocrate (centre-gauche) et ses alliés qui ont remporté la majorité à la Chambre des députés mais pas au Sénat, ce qui bloque tout puisqu’en Italie un gouvernement doit absolument obtenir la confiance dans les deux assemblées pour diriger le pays.

     

    Ces résultats inquiétants doivent être néanmoins appréciés, d’une part, sur un temps plus long et, d’autre part, par rapport à la situation économique et sociale des pays occidentaux.

     

    Ainsi, il ne faut pas oublier que le populisme en Italie n’est pas récent. La «Ligue du Nord pour l’indépendance de la Padanie» (territoire situé autour du Pô) créée par Umberto Bossi, alliée au parti de Berlusconi, date de 1989. Son but avoué est, à terme, de séparer le Nord de l’Italie, riche et industriel, du Sud, le fameux «Mezzogiorno», considéré par les supporters de la Ligue comme pauvre et sous-développé. Et, à l’instar des diatribes du comique Beppe Grillo, elle fustige depuis toujours les politiciens de Rome présentés comme des «voleurs».

     

    De son côté, Silvio Berlusconi est entré en politique en 1993 avec son parti Forza Italia et il a pratiqué, dès le début, un populisme tous azimuts où il a promis n’importe quoi et son contraire pour se faire élire et réélire, sans oublier ses propos bienveillants sur Mussolini et le fascisme.

     

    De ce point de vue, le populisme du «Mouvement 5 étoiles» de Grillo semble bien moins dangereux même s’il tape, comme les deux autres, sur la classe politique en promettant un grand nettoyage (un de ses slogans était de renvoyé les sortants «a casa», à la maison). Mais il avance aussi des propositions sérieuses et réalistes.

     

    Reste qu’il fait partie d’un mouvement beaucoup plus large que l’on voit, soit émerger, soit se renforcer dans la plupart des pays occidentaux depuis le déclenchement de la crise économique et financière de 2007.

     

    Rien de très différent, en effet, entre son mouvement et ceux qui, par exemple, ont enflammé récemment les Etats-Unis (Tea Party à droite et Occupy Wall Street à gauche), l’Espagne (les Indignatos anticapitalistes de la Puerta del Sol à Madrid), la Grande Bretagne (le UK Independence Party ou UKIP antieuropéen et anti-immigrés), la Grèce (Chrissi Avghi ou Aube dorée à l’extrême-droite et le parti de la gauche radicale avec son leader Alexis Tsipras) ou la France (Front national et Front de gauche). Et la liste est loin d’être limitative…

     

    Si certains de ces mouvements sont à gauche, voire à l’extrême-gauche, d’autres à droite ou à son extrême, tous se disent antisystème, anti-establishment, antilibéral et flattent le «peuple» qui devrait (re)prendre le pouvoir.

     

    Si on se place dans ce contexte, la comparaison faite en France entre Beppe Grillo et l’épopée tragico-comique de Coluche lors de la présidentielle de 1981 n’a aucune pertinence.

     

    Evidemment, dans ce panorama, ce qui fait la particularité italienne est que les élus de Beppe Grillo représentent désormais (que ce soit à la Chambre des députés ou au Sénat italiens) 25,5% des voix et la première force politique du pays (puisque tant la droite que la gauche qui le devancent étaient représentées par des coalitions). C’est là une nouveauté, due évidemment à la crise économique redoutable que connaît l’Italie mais aussi à un monde politique transalpin qui n’a pas été capable de faire les réformes nécessaires afin de sortir d’un archaïsme ainsi que de combines et de prébendes qu’il paye cash et sur lesquels déjà Berlusconi avait surfé pour parvenir au pouvoir.

     

    Cela dit, on ne peut pas parler de discrédit de la politique ici comme ailleurs car les populations occidentales sont souvent en attente de vrais débats politiques avec des vrais projets et de vraies décisions.

     

    Face à cette situation, Mario Monti n’a pas su être l’homme du rassemblement. Pour sa défense, sa tâche, pour absolument nécessaire qu’elle était, était également extrêmement difficile, voire impossible. Néanmoins, une approche plus «conviviale» lui aurait sans doute permis de trouver plus de soutien et être moins attaqué comme un technocrate froid et sans aucune compassion pour ceux qui souffrent à cause de cette crise. Reste qu’il s’agit plutôt d’un problème de tempérament d’un homme que d’une «caste technocratique» en l’espèce même si, plus généralement, le discours politique de mettre toutes les difficultés sur le dos des «technocrates» européens insensibles recèle un énorme danger à terme pour l’Union européenne mais aussi pour chacun des pays qui la compose.

     

    De son côté, La France n’est évidemment pas à l’abri de l’émergence d’un tel mouvement, son histoire politique le prouve amplement. Il suffit de rappeler un des mouvements populistes les plus récents, le poujadisme dans les années cinquante avec l’émergence alors d’un Jean-Marie Le Pen qui est demeuré un des représentants «antisystème» de la politique française jusqu’à ce jour.

     

    Et n’oublions pas que, lors de la présidentielle de l’année dernière, le «vote protestataire» (Front national + Front de Gauche) a représenté 29% avec les deux candidatures populistes de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon alors que Beppe Grillo et ses «grillinis» n’ont eu «que» 25,5% des suffrages…

     

    En revanche, la Constitution de la V° République et la loi électorale qui en découle ne permet pas une situation «à l’italienne» avec le blocage qui résulte des élections de dimanche et lundi derniers.

     

    Il y aura toujours des mouvements populistes dans les démocraties mais il est évident que leur puissance vient avant tout d’une situation difficile vécue par les pays avancés et beaucoup moins par le manque de vertu du monde politique. En période de croissance forte, le personnel politique n’est pas plus vertueux qu’en période de crise mais cela est moins ressenti comme un scandale par les populations. La confiance reviendra, en partie, avec une embellie économique.

     

    Cela dit, ces mouvements populistes sont un danger réel pour la démocratie de par leurs raccourcis mensongers mais ravageurs qui ont pour but de discréditer un système, selon eux, inadapté.

     

    L’efficacité de ces raccourcis auprès de la population écorne l’image de la démocratie représentative et peut conduire à un rejet de ses règles considérées comme un jeu de dupes dont sont victimes les simples citoyens, souvent présentés comme des victimes bernées et non comme des acteurs responsables.

     

    Pour autant, cette menace est constitutive de l’existence même de la démocratie.

     

    Ces mouvements peuvent néanmoins être également à l’origine d’une prise de conscience de cette même démocratie qui doit en permanence se régénérer et lutter contre une tendance oligarchique.

     

    Cependant, le monde politique n’est pas cet univers totalement cynique avec des élites coupées des réalités que l’on présente dans certains médias. Souvent, les hommes et les femmes politiques vivent le discrédit qui les touche comme une sorte d’injustice parce qu’ils tentent réellement de faire bouger les choses.

     

    Mais, paradoxalement, dans un monde de communication, ils sont incapables, non pas de faire de communiquer mais de bien communiquer avec leurs électeurs, c’est-à-dire d’établir un dialogue constructif, fait d’échanges qui permettent, à la fois, une pédagogie et une confrontation des idées et des attentes.

     

    Reste que la démocratie de ce XXI° siècle demande aussi un autre rapport entre les dirigeants et les dirigés du fait de l’autonomisation grandissante des individus née de l’approfondissement démocratique. Il faut donc trouver un nouveau modèle basé sur une participation plus grande d’individus acceptant leurs responsabilités, qui même s’il est déjà largement conceptualisé par nombre de penseurs politiques, a du mal à se concrétiser dans les faits. La confiance envers le politique ne reviendra que grâce ce renouveau qui prendra en compte ce que nous sommes devenus depuis plus de deux cents ans qu’existent les régimes démocratiques.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • L’Année du Centrisme en France. 2012, naufrages électoraux et recomposition du Centre en cours

    2012 a été une «annus horribilis», véritablement une année terrible, pour le Centre qui a touché un de ses points les plus bas depuis bien longtemps tant en matière électorale que de force capable d’influencer le débat politique.

    Comme toute catastrophe de ce genre, un mouvement de reconstruction s’est mis en route dans la foulée dont il est trop tôt pour juger de son éventuel succès ou de son échec.

     

    - Naufrages électoraux

     

    S’il faut parler, évidemment, du nouvel et sévère échec de François Bayrou à la présidentielle où il n’est arrivé qu’en cinquième position derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy mais, plus grave, également derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, ne parvenant pas à dépasser la barre des 10%, il ne faudrait pas oublier que tout le Centre a sombré dans cette année électorale.

     

    Que dire ainsi de la défaite de ce même Bayrou aux élections législatives qui ont suivi la présidentielle et de tout son Mouvement démocrate (à peine deux élus) ainsi que de tous les autres partis centristes.

     

    Que dire du Nouveau centre, fort soi-disant de ses trente députés mais incapable de s’unir derrière la candidature présidentielle de son président, Hervé Morin, qui, crédité de 1% des intentions des vote, voire moins, n’est même pas parvenu à réunir les 500 parrainages nécessaires pour être présent à l’élection alors que le trublion Jacques Cheminade, lui, n’a pas eu ce problème…

     

    Un Nouveau centre qui a ensuite et sans surprise explosé en plein vol avec le départ d’une partie de ses élus et de ses cadres derrière son président délégué et ennemi féroce de Morin, Jean-Christophe Lagarde dans un parti, la FED (Fédération européenne et démocrate) dont la création n’apparaît pas clairement à l’heure actuelle comme indispensable et qui s’est d’ailleurs immédiatement ralliée à l’UDI de Jean-Louis Borloo.

     

    Il faut dire que Lagarde, sans doute par ambition personnelle (tout à fait respectable au demeurant), a été le principal fan de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de récupération des centristes pour ses visées également personnelles.

     

    Que dire également de l’Alliance centriste qui n’a jamais réussi à sortir de l’anonymat depuis sa création et est demeurée un groupuscule sans militants (mais avec quelques notables élus essentiellement au Sénat) et sans projet.

     

    Voilà un parti qui justifiait son existence par la volonté de réunir les centristes et qui, lors du premier tour, se rallia derrière François Bayrou contre Hervé Morin (après avoir fait alliance avec celui-ci un temps) et après les législatives rejoignit immédiatement le camp centriste opposé de l’UDI (en critiquant vertement François Bayrou)…

     

    Il y avait là tout l’opportunisme qui fait tant de mal au Centre depuis longtemps.

     

    Quant au Mouvement démocrate, assommé par l’échec de son chef et unique ciment, François Bayrou, il est demeuré ce qu’il a toujours été, une création d’un homme pour un destin personnel, sans élus et avec, dorénavant, peu de militants.

     

    Un gâchis énorme alors que le MoDem est certainement la formation politique qui défend la position la plus proche de ce que devrait être un Centre indépendant s’appuyant sur une vision réellement Centriste.

     

    A tous ces échecs, il ne faudrait pas oublier d’adjoindre celui… de l’UMP (à la fois électoralement et politiquement avec la crise interne lors de la guerre entre François Fillon et Jean-François Copé).

     

    Rappelons que l’objectif de cette dernière lors de sa création était de réunir Droite et Centre dans une même formation.

     

    Pourtant, dès le départ, les centristes y ont toujours été marginalisés (même si Jean-Pierre Raffarin fut le premier ministre de Jacques Chirac) et l’UMP fut toujours considérée comme un parti de droite et non un parti de droite et du Centre, a fortiori, un parti de centre-droit.

     

    Le départ de Pierre Méhaignerie «centriste historique» de l’UMP pour l’UDI est assez anecdotique mais montre malgré tout le désarroi de ces centristes umpistes phagocytés et leur incapacité de pouvoir peser sur la ligne politique de l’UMP depuis 2002 et, surtout, 2007.

     

    - Bayrou et Borloo

     

    Au niveau des hommes, le Centre, à tort ou à raison, est désormais incarné par deux leaders, François Bayrou et Jean-Louis Borloo.

     

    Malgré la claque qu’il a prise à la présidentielle, François Bayrou (président du Mouvement démocrate) demeure l’une des figures centrales du Centre.

     

    Cela veut-il dire qu’il à l’étoffe d’un grand homme politique ou bien que le Centre est désespérément vide de toute personnalité de premier plan?!

     

    Une réponse peut-être donnée par l’extrême facilité avec laquelle Jean-Louis Borloo (président du Parti radical et de l’UDI), qui n’a rien d’un centriste et qui le revendique haut et fort, a pu, tels autrefois Edouard Balladur et même Valéry Giscard d’Estaing, récupérer les troupes éparpillées du centre-droit derrière sa bannière.

     

    Les hommes et femmes d’avenir du Centre sont encore à chercher avec une loupe, voire un microscope! On peut, tout de même, citer les deux Jean-Christophe, Lagarde (président de la FED) et Fromantin (député-maire de Neuilly-sur-Seine).

     

    Espérons que les années qui viennent apporteront quelques fournées salutaires dans ce domaine quasi-désertique pour l’instant…

     

    - Création de l’UDI

     

    Avec la déconfiture de François Bayrou et des centristes aux élections présidentielles et législatives, la création de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) est le deuxième événement de l’année dans la galaxie centriste française.

     

    Grâce à cette déconfiture, au désarroi des centristes et à un bon timing, Jean-Louis Borloo a pu créer cette structure (d’abord sous la forme d’un groupe à l’Assemblée nationale puis d’un parti) encore fédérale pour ses ambitions personnelles en agrégeant autour de lui la très grande majorité des personnalités de centre-droit mais aussi nombre d’autres venues de la «droite modérée» ainsi que de la Droite tout court.

     

    Ce qui fait de l’UDI plutôt un parti de droite modérée que de centre-droit.

     

    D’autant que Borloo n’a pas réussi, pour l’instant, à vider, loin de là, l’UMP de tous les centristes ni à récupérer une grande partie du Mouvement démocrate.

     

    De même, le parti demeure encore un assemblage de bric et de broc où les leaders se contredisent à périodes répétées quand ils ne de détestent pas entre eux (Morin et Borloo se détestent, tout comme le premier nommé et Lagarde, par exemple).

     

    En outre, si l’UDI a une bonne image dans la population (ce qui est de bon augure pour son avenir), elle a complètement raté son premier rendez-vous électoral avec la défaite d’un de ses députés lors d’une partielle après son invalidation par le Conseil Constitutionnel.

     

    Pire, la défaite du maire de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), Henri Plagnol, n’est pas venue de la Gauche mais de l’UMP, pourtant présentée comme moribonde par Jean-Louis Borloo, sous la personne de son ancien adjoint à la marie. Sylvain Berrios.

     

    Une entrée en la matière qui fait quelque peu tâche d’autant que Berrios ne bénéficiait même pas de l’investiture de l’UMP qui avait été donnée à Plagnol!

     

    - Le projet centriste en panne

     

    Autant dire qu’avec toutes ces péripéties électorales et organisationnelles (sans parler des problèmes d’égos), le projet centriste de gouvernement n’a pas beaucoup progressé en 2012.

     

    La plateforme électorale de François Bayrou était peu claire et le programme de l’UDI encore largement à définir.

     

    Ce qui a d’ailleurs exclu les centristes de tous les grands débats nationaux et internationaux à part celui sur la nécessité de réindustrialiser la France et sur la nécessité de s’attaquer aux abyssaux déficits des finances publiques.

     

    Néanmoins, on attend toujours ce projet de société humaniste, équilibrée et européenne, qui est la marque de fabrique du Centre dont on a peine à discerner les contours exacts et les fondements dans les propos actuels des leaders centristes.

     

    - Centre, centre-droit et centre-gauche

     

    Un des débats de cette année a été, encore et toujours, la place du Centre sur l’échiquier politique français.

     

    Ainsi, le Centre est-il plutôt proche de la Droite ou de la Gauche ou se trouve-t-il à équidistance des deux, ou ailleurs?

     

    On sait que les centristes se mélangent souvent les pédales dans ce positionnement pourtant essentiel et qu’ils ne sont guère aidés en cela par les adversaires du Centre, en particulier ceux qui prétendent qu’il n’existe pas.

     

    C’est de bonne guerre évidemment de la part de ces derniers mais est une faiblesse politique évidente des centristes.

     

    Le Centre, faut-il le rappeler, d’abord, n’est pas l’allié préférentiel, ni de la Droite, ni de la Gauche. Durant son histoire, il a été allié avec la Droite et la Gauche sans pour autant renier ce qu’il était.

     

    Ensuite, le Centre n’est pas un «juste milieu» politique, c’est-à-dire qu’il n’est pas la moitié de la Gauche et la moitié de la Droite, qu’il ne se définit pas par rapport à la Droite et la Gauche mais qu’il est un «juste équilibre» et qu’en cela il a un positionnement politique particulier dont on peut même dire qu’il est la référence qui positionne les clientélismes de droite et de gauche.

     

    Mais ce juste équilibre n’est pas non plus assimilable à une union nationale comme s’est employé à le faire croire François Bayrou pendant la campagne présidentielle et qu’il continue à la prôner au nom du Centre.

     

    Si le Centre a un esprit consensuel et de compromis, cela n’a rien à voir avec une vision d’un grand rassemblement unitaire. Les centristes sont des démocrates et ils savent bien que la démocratie ne peut vivre que s’il y a des mouvements d’idées divergentes à partir, évidemment, de valeurs communes.

     

    Ce qui n’empêcherait pas, évidemment, le Centre de prendre toute sa part d’une union nationale si celle-ci s’avérait nécessaire ce qui n’a jamais été le cas ces dernières décennies.

     

    - Où est le renouveau?

     

    L’année 2012 n’a pas montré le moindre renouveau du Centre. Ce sera, s’il doit y en avoir un, pour 2013 ou, plus sûrement, pour 2014 avec les élections municipales et européennes. C’est ce que nous tenterons de déterminer dans une prochaine analyse.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Présidentielle: comprendre la défaite du Centre

     

     

     

    La défaite de François Bayrou au premier tour de la présidentielle est également une défaite du Centre.

     

    D’une part, parce qu’il était le seul candidat à se revendiquer centriste.

     

    D’autre part, parce que les autres candidats sensés également représenter le Centre avaient renoncé à aller jusqu’au bout de leurs démarches.

     

    Du coup, l’absence de Jean-Louis Borloo (déclarant forfait avant même le début de la campagne), d’Hervé Morin (incapable de dépasser les 1% d’intentions de vote et de réunir 500 signatures) et même de Corinne Lepage (obligée de jeter l’éponge car n’ayant pas le nombre de signatures requis) démontrent également le mauvais état du Centre lors de cette présidentielle que le score de François Bayrou ne fera que confirmer.

     

    Il y aurait donc pu y avoir quatre candidats centristes lors de cette élection.

     

    Si cela avait été le cas, cela n’aurait pas reflété la richesse du Centre (ce qui aurait pu être le cas si une primaire avait été organisée entre eux, comme cela avait été proposé) mais bien sa division actuelle, son morcellement et sa faiblesse électorale.

     

    Au bout du compte, il n’y en eu qu’une mais sans aucun ralliement autres qu’anecdotiques à François Bayrou des soutiens aux autres candidats.

     

    François Bayrou ne fut donc pas le candidat du rassemblement du Centre mais celui d’un des partis centristes (avec le soutien de la micro-formation de l’Alliance centriste) ne représentant qu’une mouvance du Centre.

     

    En conséquence, Il n’y eut donc pas de mobilisation centriste (au niveau des partis et des mouvances) pour porter la candidature unique de François Bayrou.

     

    Celui-ci, par ailleurs, partait avec un lourd handicap: une traversée du désert de cinq ans, des intentions de vote initiales assez basses (autour de 7%), une opposition d’une partie de la galaxie centriste et un discours assez ambigu qui ne permettait pas à tous les centristes de s’y reconnaître (notamment les références au général de Gaulle ou l’appel au nationalisme économique).

     

    Un handicap qui était à peine contrebalancé par son score en 2007 (18,55%) qui lui donnait un préjugé favorable dans les médias et une place de choix théorique sur la grille de départ de la compétition.

     

    Le déroulement de la campagne ne permit pas de sortir de ce malaise centriste de divisions, de manque de dynamisme et de mobilisation.

     

    En outre, très vite, la faiblesse majeure de François Bayrou prit une place importante dans les médias et aux yeux des électeurs: un doute important sur sa capacité à réunir une majorité pour gouverner s’il était élu.

     

    Avec qui François Bayrou pourrait-il bien gouverner si jamais il remportait la présidentielle? devint une question récurrente et lancinante. La réponse de François Bayrou affirmant que ce ne serait pas un problème car tout président élu se voit donner automatiquement une majorité par les électeurs n’a convaincu personne.

     

    Cette question ne trouva d’ailleurs aucune réponse politique crédible puisqu’aucun rassemblement digne de ce nom ne se fit derrière sa candidature et qu’il n’y avait guère de chances que des modérés de l’UMP et du PS s’unissent derrière celle-ci comme nombre d’entre eux le déclarèrent.

     

    Du coup, François Bayrou apparut comme un homme seul et impuissant, non comme un leader indépendant assez charismatique pour faire bouger les lignes.

     

    Encore moins comme un homme providentiel à la manière de de Gaulle en 1958, capable de restaurer la confiance sur sa seule aura et de remettre le pays sur les rails après une purge nécessaire.

     

    Aux yeux de la majorité des Français il n’était qu’un franc-tireur avec deux députés à l’Assemblée nationale, entouré de soutiens manquant d’expérience gouvernementale et à la tête d’un parti faible.

     

    Bien sûr, il a su garder une forte popularité qui s’est même améliorée à un moment donné de la campagne avant de fléchir.

     

    De même sa volonté de lutter contre les déficits publics et de se focaliser sur l’éducation recevait une bienveillance, voire une adhésion au-delà des intentions de vote qui se portaient sur sa personne.

     

    François Bayrou a bien tenté de faire coïncider cette popularité haute et la séduction de ses grandes idées auprès des Français avec des intentions de vote en sa faveur sans jamais y parvenir.

     

    Car, pour les Français, popularité et «électabilité» ne sont jamais allées de pair.

     

    Dans les sondages, François Bayrou n’est jamais apparu comme étant un futur président crédible, ne possédant pas, non plus, pour une majorité de la population, les qualités demandées pour ce poste.

     

    Ainsi, dans la dernière vague de l’étude Présidioscopie Ispos-Cevipof, 63% des Français estimaient que François Bayrou n’avait pas la stature présidentielle, 52% qu’il n’était pas compétent pour le poste, 62% qu’il manquait de dynamisme.

     

    Cependant, 50% avaient toujours une bonne opinion de lui, ce qui le plaçait juste derrière François Hollande (51%). De même, il était en tête pour l’honnêteté (avec 63% de réponses positives, loin devant François Hollandes, 56%), pour son côté sympathique et pour sa sincérité.

     

    Des qualités qui ne sont pas indispensables pour les électeurs pour diriger le pays.

     

    Ces hauts scores démontraient, paradoxalement, de la part des Français, une méconnaissance des détails du programme du candidat (comme le montraient des sondages où ceux-ci se demandaient où le président du Mouvement démocrate voulait les emmener) ainsi qu’une vision trop «gentille» de sa personne (c’est-à-dire l’absence de puissantes convictions partisanes qui caractérisent un fort leadership).

     

    Au fur et à mesure que la campagne progressait, la candidature de François Bayrou a patiné de plus en plus.

     

    Et ce qui devait arriver, arriva, les intentions de vote se mirent à baisser inexorablement.

     

    Que s’était-il donc passé?

     

    D’abord, François Bayrou n’est jamais parvenu à être crédible en habit présidentiel comme nous l’avons vu.

     

    Ensuite, il n’était plus «le» candidat «anti-système» comme en 2007 et le trublion du couple UMP-PS, laissant ces rôles à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen.

     

    De même, les médias se lassèrent de son côté austère et prêcheur uniquement de mauvaises nouvelles et préférèrent la gouaille d’un Jean-Luc Mélenchon qui devint leur chouchou (sachant qu’il n’est pas possible que le représentant du Front national le soit) pour donner ce fameux coup de pied dans la fourmilière qui peut rendre l’élection présidentielle «vendable» en termes de tirages et de taux d’audience.

     

    Ses soutiens, au fur et à mesure  apparurent comme ce qu’ils étaient, des seconds couteaux, souvent ralliés parce que les grands partis ne leur avaient pas donné la place qu’ils estimaient mériter ou pour donner une certaine visibilité à leur carrière politique à un moment difficile de celle-ci.

     

    Enfin, il n’a pu trouver le bon positionnement, le bon discours et la bonne posture pour pouvoir, ne serait-ce qu’un moment, contester à Nicolas Sarkozy et à François Hollande, une des deux places de finalistes.

     

    Cela se caractérisa également par une incapacité à rebondir, sans doute parce que ses plus proches collaborateurs n’osent pas, depuis longtemps, le contredire ou lui dire ce qui ne va pas.

     

    Le résultat du 22 avril (cinquième position et 9,13% des votes) ne fut donc que la confirmation de cette situation qui se figea d’ailleurs quelques semaines avant le scrutin.

     

    Les centristes, collectivement responsables de ce fiasco (un des plus bas scores d'un candidat centriste lors d'une élection présidentielle) sont donc, de nouveau, au pied du mur. Il leur faut rebondir le plus vite possible.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme en 2012. Année à élections, année centriste?

     

     

     

     

    Vingt-six pays connaîtront, cette année, des élections nationales qui toucheront 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB mondial. Des présidentielles à Paris et à Washington en passant par des législatives et d’autres présidentielles dans de nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe, 2012 sera-t-elle une année centriste?

     

    Poser la question semble déjà une certaine provocation. En France, le meilleur candidat centriste est pour l’instant à moins de 15% des intentions de vote au premier tour. Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama est en grande difficulté et sa réélection n’est en rien assurée. De même, le Centre a, certes, des potentialités dans beaucoup d’autres pays mais pourrait n’en réaliser aucune ou peu.

     

    Pourtant, la crise et les difficultés qui l’accompagnent, touchant toutes les populations de la planète, demandent des solutions sans doute nouvelles et innovantes mais surtout responsables et difficiles, donc nécessitant un consensus. De quoi donner un certain avantage aux représentants du Centre.

     

    C’est dans ce cadre et avec des scénarios différents que les centristes pourraient faire la différence. Voyons ce qu’il en est dans deux des élections principales de l’année.

     

    En France, François Bayrou, après une traversée du désert tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au vu du peu d’enthousiasme soulevé dans la population quant à sa volonté d’être à nouveau présent à la présidentielle, aurait du se cantonner à la dure réalité d’un petit candidat qui ferait une campagne courageuse mais qui aurait du mal à dépasser les 10% des intentions de vote.

     

    Mais, divine surprise pour le leader du Mouvement démocrate qui semblait même s’être fait une raison et vivre sur le souvenir de ses «18,55%» en 2007, les sondages ont frémi début décembre sous l’impulsion, à la fois et comme lors de la précédente campagne, de son entrée en lice officielle, du manque de charisme de ses adversaires et en particulier des candidats des deux grands partis et de médias très complaisants.

     

    Ce dernier phénomène que nous avions déjà analysé il y a cinq ans s’explique, à la fois, par la volonté de ceux-ci de donner du piment à une élection qu’ils ne veulent pas voir se résumer à un combat à deux et parce que les médias de gauche espèrent qu’il parasitera la Droite avant d’appeler à voter pour François Hollande au second tour et inversement pour la Droite avec, in fine, une prise de position en faveur de Nicolas Sarkozy…

     

    Un quatrième élément, la crise économique et le désarroi d’une partie des Français qui en résulte, ouvre le jeu à des candidats «recours» comme François Bayrou ou Marine Le Pen (et à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon).

     

    Cependant, les chances de François Bayrou, en ce début d’année 2012 demeurent encore largement hypothétiques. Il est toujours en quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux qui font la course en tête. De même, il va devoir confronter son projet qui n’est pas encore publié à la critique des autres et surtout défendre des positions qui font déjà débat chez les centristes eux-mêmes, dans lesquelles certains y voient plus de populisme que de libéralisme, plus du nationalisme que de l’européanisme traditionnel de la famille du Centre et, surtout, de la démocratie-chrétienne dont est issu le président du Mouvement démocrate.

     

    C’est le cas d’Hervé Morin qui, s’il continue à être candidat dans les prochaines semaines, pourrait être, malgré ses 1% dans les sondages, une épine dans le pied de François Bayrou en défendant, comme il fait actuellement, des positions souvent plus centristes que celles du leader du Mouvement démocrate.

     

    Sans oublier que des tensions sont récemment apparues dans l’équipe de campagne de ce dernier, composée de personnalités venues de bords et de cultures politiques totalement différents. On l’a vu cette semaine en ce qui concerne la TVA sociale où Jean Arthuis a durement critiqué l’hostilité de François Bayrou à cette mesure.

     

    Et puis se posera l’éternelle question de l’«électabilité», pour utiliser un terme franglais, de François Bayrou (la propension que les électeurs ont de penser qu’il a des chances réelles de devenir président). Car les sondages montrent encore que les Français ne le voient pas à l’Elysée et les questions, s’il devient président, de savoir avec qui il va gouverner et comment il se débrouillera avec un parti sans élus et faiblement structuré, seront de plus en plus prégnantes s’il continue à monter dans les sondages et au fur et à mesure que l’élection approchera.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama qui ne suscite plus l’engouement de 2007-2008, pourrait toutefois tirer son épingle du jeu face à un candidat républicain qui, même s’il est modéré au fond de lui-même comme Mitt Romney (le favori actuel dans les primaires), demeurera, quoiqu’il arrive, l’otage des extrémistes de la droite conservatrice à qui il devra donner des gages afin qu’ils votent pour lui.

     

    D’autant, qu’en ce début d’année, la situation économique semble s’améliorer sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un mouvement de fond ou seulement d’une embellie passagère. Le chômage est ainsi tombé à son plus bas depuis quatre ans, à 8,5% de la population active, et les entreprises américaines ont créé 200.000 emplois en décembre.

     

    Néanmoins, la situation du président sortant demeure fragile. D’une part, parce que les difficultés économiques vont encore toucher, quoiqu’il arrive, la population. D’autre part, parce que toute rechute dans ce domaine boostera le candidat républicain qui lui sera opposé en novembre prochain.

     

    En outre, le filet de sécurité de Barack Obama est très effiloché avec des sondages qui sont, certes, meilleurs qu’il y a quelques semaines mais qui demeurent beaucoup moins favorables, en termes d’opinions positives et d’approbations de son action, que ceux de la plupart des présidents qui l’ont précédé et qui se présentaient à leur propre succession, surtout, les sondages de ceux qui ont été réélus...

     

    Bien sûr, il est faux d’affirmer que le seul atout majeur d’Obama est la faiblesse (même si celle-ci est véritable) du panel de candidats républicains qui veulent se présenter face à lui. Pour autant, cela, évidemment, le servira grandement. Reste qu’il peut aussi présenter un bilan dont il n’a pas à rougir.

     

    Enfin, son centrisme qui a été la cible d’attaques très dures voire haineuses au cours des trois dernières années de la part la Gauche et la Droite sera, sans doute, un précieux avantage au moment où les Américains rejettent de plus en plus les outrances des extrémistes (le Mouvement du Tea Party est en forte chute dans les sondages) et où le vote des «independents» - ces électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun des deux grands partis et qui se définissent le plus souvent comme des modérés -, sera la clé de l’élection.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le Centre et la dangereuse émergence de la «préférence nationale» dans le discours des politiques

     

     


     

    Le débat politique s’est, dangereusement, orienté, ces dernières semaines, sur des thèmes qui, soyons clairs, sont proches de ceux du Front national. Et ce n’est pas une quelconque provocation de le dire mais seulement une simple constatation.

     

    D’ailleurs, les Français ne sont pas dupes et le confirment dans les sondages comme  dans celui qui montre que le candidat à la présidentielle qui est le plus capable de mettre en place l’«Acheter français» est, de loin, Marine Le Pen (avec 20% des personnes interrogées) devant Nicolas Sarkozy (14%), François Bayrou (13%) et François Hollande (12%).

     

    Et ceci n’est guère étonnant puisque, depuis les années 1980 qui ont vu son éclosion électorale, le parti créé par Jean-Marie Le Pen n’a jamais cessé de parler de «préférence nationale» dans tous les domaines du sociétal au social en passant par l’économique (une des raisons pour lesquelles les ouvriers, premières «victimes» de la mondialisation émergente ont commencé dès cette époque à voter nombreux pour l’extrême-droite suite à l’effondrement du Parti communiste).

     

    Et la crise économique dans laquelle nous nous trouvons depuis 2008 est évidemment un terrain privilégié pour cette «préférence nationale» tous azimuts.

     

    Bien sûr, ce qui distingue des partis comme l’UMP, le Parti socialiste et le Mouvement démocrate du Front national, c’est que ce dernier (comme l’extrême-gauche) veut réglementer par des mesures xénophobes et autarciques le produire et l’acheter français ainsi que l’embauche prioritaire de nationaux et la fin totale de l’immigration de même que la sortie de l’Union européenne et de l’euro. Le tout, dans une démarche suicidaire de «démondialisation».

     

    Pour les premiers, en revanche, il s’agit d’incitations qui peuvent prendre la forme, comme pour le «produire français», d’aides à l’industrie et, plus particulièrement aux PME. Cependant, les responsables de ces partis savent bien qu’il n’est pas possible, en l’état de nos engagement internationaux, d’obliger, ni même de subventionner l’achat de produits français. Nous sommes dans la zone euro, l’Union européenne et dans une mondialisation régit par les règles de l’Organisation mondiale du commerce, entre autres, sans oublier tous les traités commerciaux bilatéraux que le France a signés.

     

    Ce n’est pas possible mais ce n’est pas souhaitable, non plus. Notre développement économique ne peut se faire que dans cette ouverture mondiale qui lui a tellement profité pendant des décennies (même si nous devons absolument faire en sorte que les règles du jeu de la concurrence soient réellement appliquées par tous, sans exception). Dire le contraire, c’est jouer sur les peurs des Français de manière irresponsable et jouer contre la France et son avenir.

     

    Pour les partis démocratiques, il a toujours été de bon ton de dire que le Front national posait les bonnes questions mais y apportait les mauvaises réponses. Avant de tourner éventuellement casaque, qu’ils se rappellent que, la plupart du temps, les électeurs préfèrent l’original aux copies. Mais, plus que tout, qu’ils n’oublient pas que l’honneur du politique ce n’est pas la démagogie mais le courage.

     

    Le Centre par ses représentants se doit être une vigie de l’humanisme mais aussi de la modération telle qu’elle était conçue par Aristote, c’est-à-dire un refus d’établir le vivre ensemble  sur des discours extrémistes, qu’ils viennent de la droite ou de la gauche.

     

    Car, au-delà d’une rhétorique électorale (et dans ce cadre «acheter français ou «produire français» peuvent être vus comme des slogans «softs»), l’histoire nous apprend que l’ouverture de la boite de Pandore dans ce domaine n’a jamais produit de bonnes choses.

     

    En favorisant le «recentrage» de thèses extrémistes en leur donnant une respectabilité dans le débat politique, on permet à ceux qui en sont les principaux propagandistes de bénéficier également de respectabilité. Cette nouvelle brèche dans le rempart anti-extrémisme encourage également ces partis de la haine et du bouc émissaire à développer des thèses bien plus extrémistes et de jouer de plus en plus sur les peurs et les angoisses de la population.

     

    Certains diront que le discours qui vient d’être tenu ici est beaucoup trop alarmiste. Comme on espère qu’ils ont raison.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Les centristes de la majorité et Sarkozy


    Nicolas Sarkozy est passé à l’offensive vis-à-vis des centristes de la majorité au moment où ceux-ci finalisent leur «alliance» les regroupant et où leur leader, Jean-Louis Borloo est sur le point d’annoncer sa candidature à la présidentielle.

    Après avoir fait donné les seconds couteaux, du député radical Leonetti au président de l’UMP Copé en passant par le Premier ministre Fillon, le Président de la république s’est enfin décidé à monter en première ligne en recevant les députés du Nouveau centre pour leur expliquer fermement tout le bien (!) qu’il pensait de leur «alliance» et tout le mal qu’il pensait de leur indépendance. Sans parler de l’aversion que lui inspirait la candidature de Jean-Louis Borloo, son grand ami…

    Cette prise de parole de Nicolas Sarkozy s’est accompagnée de toute la panoplie réservée à ceux qui veulent prendre leur indépendance dans la sphère politique. Il leur a dit combien leur combat était le sien et combien ceux qui ne comprendraient pas la nécessité de l’union de la majorité présidentielle s’exposaient à des mesures de rétorsion comme celle, bien connue, concernant les élus et plus particulièrement les députés, de ne pas être investi lors des prochaines élections et/ou d’avoir un concurrent de leur propre camp.

    Pour l’instant, les modérés de la majorité présidentielle qui ont décidé de s’émanciper de Nicolas Sarkozy et de l’UMP affichent la sérénité et affirment que cela ne change rien à leur détermination d’aller jusqu’au bout de leur démarche. C’est toujours le cas quand les élections sont encore loin et que l’on croit encore dans la dynamique des décisions que l’on vient de prendre dans une certaine euphorie. Pourtant, tout le monde sait que si Jean-Louis Borloo ne décolle pas dans les trois mois à venir dans les sondages, ce sera sans doute une autre histoire. D’autant que l’intéressé n’a aucune envie de se griller politiquement.

    Rappelons que la stratégie de Nicolas Sarkozy est de réunir toute la majorité actuelle sous son nom pour la prochaine élection présidentielle afin d’arriver en première position lors du premier tour et initier une dynamique victorieuse pour le second tour.

    A ceux qui lui répondent qu’il n’aura alors aucune réserve de voix, il explique qu’il aura au moins une partie des voix de François Bayrou qui se présentera quoiqu’il arrive. C’est d’ailleurs pourquoi Nicolas Sarkozy affirme à qui veut l’entendre que le seul vrai centriste et le seul qui est légitime à se présenter sous la bannière du Centre en 2012 est le leader du Mouvement démocrate.

    Ces voix de François Bayrou qui le rejoindront seront ces 1% à 3% dont il aura besoin pour faire la différence.

    Mais ce que ne dit pas l’actuel hôte de l’Elysée, c’est que sa réserve principale de voix se trouve du côté de Marine Le Pen. S’il parvient à être en tête, devant le candidat socialiste et en ayant éliminé la candidate du Front national, alors une grande partie des déçus du sarkozysme, qui se sera portée sur Le Pen ou qui se sera abstenue, préfèrera voter pour lui plutôt que pour le PS (dont le candidat sera plus à gauche que cela avait été Dominique Strauss-Kahn) ou même que s’abstenir afin d’éviter de voir l’élection d’un président de gauche.

    Evidemment, c’est une analyse qui n’est pas sûre d’être validée d’autant que les Français semblent penser que Nicolas Sarkozy a fait son temps et jugent de manière très dure son action depuis plus de quatre ans. Cependant, une élection présidentielle se joue tout autant pour un candidat que contre les autres. De même, la situation politique, économique et sociale peut encore changer d’ici à avril 2012.

    En attendant, une des tâches principales du président de la république, c’est éviter, à la fois, la dispersion des voix de sa majorité avec la présence d’un ou deux concurrents (Borloo, voire Villepin) et une campagne où ceux-ci ne manqueraient pas de critiquer le bilan du quinquennat au risque de démobiliser leurs électeurs pour un vote en sa faveur au second tour.

    Question essentielle: que feront, au bout du compte, les modérés de centre-droit de la majorité? Nicolas Sarkozy pensent qu’ils manqueront de courage pour aller jusqu’au bout de leur démarche d’émancipation. Ont-ils vraiment la capacité de le faire mentir?

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Les pressions de Nicolas Sarkozy sur les centristes vont se renforcer


    Nicolas Sarkozy n’est pas au fond du trou mais la chute se rapproche. Sondages de popularité en berne, majorité des électeurss qui ne souhaitent pas qu’il se représente en 2012, intentions de votes pour la présidentielle en sa faveur qui ne décollent pas, ennuis avec un gouvernement qui multiplie les impairs, discours et messages qui ne passent pas auprès des Français, tout cela n’est guère encourageant pour la suite. Qui, aujourd’hui, veut de Nicolas Sarkozy pour dix ans?

    Dès lors, il lui faut mettre tous les atouts de son côté afin d’arriver, d’abord, dans les deux premiers lors du premier tour de la présidentielle, puis pour créer cette union à droite pour empêcher la Gauche de l’emporter.

    L’union à droite ira de l’extrême-droite au centre-droit. Toute voix sera bonne à prendre pour l’actuel hôte de l’Elysée, s’il veut rempiler pour cinq années supplémentaires.

    Rien ne dit, pourtant, qu’il sera capable de séduire les électeurs d’extrême-droite et du centre droit lors d’un deuxième tour tellement son impopularité et son rejet sont grands dans ces électorats.

    Mais encore faut-il qu’il passe le premier tour! Car rien n’est moins sûr. Marine Le Pen fait des scores très élevés dans les sondages. Et si elle peut éliminer le candidat de gauche, elle peut encore plus sûrement être capable de renvoyer Nicolas Sarkozy dans les cordes dans ce que les commentateurs appellent «un 21 avril 2002 à l’envers» en référence à l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen.

    Pour passer ce premier tour qui donne de plus en plus de sueurs froides aux conseillers du président, il faut que toute la majorité présidentielle soit unie. Cela implique que les centristes, qu’ils soient de l’UMP, qu’ils soient associés dans l’UMP ou qu’ils soient alliés avec l’UMP fassent allégeance au Chef de l’Etat.

    Ce n’est pas exactement le cas de figure actuel. Tous les centristes que l’on vient de citer ont une furieuse envie de s’émanciper d’un président qui les a roulés dans la farine et en a fait de simples obligés qui n’ont que le droit de se taire s’ils veulent être réélus à leurs postes de parlementaires ou autres et de récupérer quelques strapontins.

    Cette fronde du centre-droit peut-elle faire front face aux très fortes pressions qui vont s’exercer sur elles dans les mois qui viennent pour empêcher toutes ses velléités d’indépendance? Tout cela dépendra des promesses que Nicolas Sarkozy fera à ses alliés centristes. Tout cela dépendra aussi des sondages et de la capacité des centristes à jouer leur propre partition.

    Car il est un fait qui ne doit pas échapper aux centristes de la majorité présidentielle: ce n’est pas de leur faute si, aujourd’hui, Nicolas Sarkozy est au bord du gouffre politique. La faut en revient essentiellement au président de la république et à ses erreurs multiples. Oui, il s’est mis tout seul là où il est!

    Pour autant, rien n’est joué à plus d’un an de la présidentielle. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Cependant, la seule préoccupation des centristes, où qu’ils soient, est de bâtir ensemble une grande confédération pour n’être, ni les supplétifs de la Droite, ni ceux de la Gauche, mais des défenseurs des valeurs et de la vision politique du Centre. Et quelles que soient les pressions.

    Cela s’appelle le courage politique et de nombreux centristes ont montré, au cours de l’Histoire, qu’ils n’en étaient pas dénués. A cette génération de montrer le sien.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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